Par acte notarié du 19 juil. 1840, le sieur Joseph Emile Gérard, négociant et propriétaire à Toulon, a acheté des frères Bremond le domaine de Léoube, au prix exprimé de 80,000 fr.
Ce prix ayant paru inférieur à la valeur vénale au jour de la vente, par comparaison avec les fonds voisins de même nature, un jugement du 6 juillet 1841 a ordonné, sur requête, que l’expertise serait faite par les sieurs Agarrat et Toucas, nommés, le premier par l’administration, le second pas le sieur Gérard.
Ces deux experts, dont chacun a exprimé son avis séparément dans le même procès-verbal, ont estimé le domaine de Léoube, savoir : le sieur Agarrat, à 169,408 francs, et le sieur Toucas à 81,380 fr.
Un tiers expert, le sieur Malet, a été régulièrement nommé. Son estimation s’est élevée à 88,040 fr.
L’administration, après avoir signalé des irrégularités de forme et critiqué les bases adoptées, a cru devoir demander qu’une nouvelle expertise fût ordonnée.
Le sieur Gérard a combattu cette demande ; il a demandé que l’estimation de son expert fût adoptée, et par suite que l’administration fût condamnée aux dépens.
Le 27 déc. 1842, le tribunal de Toulon :
Attendu qu’en admettant l’existence des irrégularités de forme signalées par l’administration dans les rapports des deux premiers experts, elles ne seraient pas de nature en entrainer la nullité ;
Attendu qu’en concluant à ce qu’aucune des expertises ne fût homologuée, l’administration s’est fondée non seulement sur des irrégularités de forme, mais encore sur les bases énoncées, adoptées par l’expert de Joseph-Emile Gérard et le tiers expert dans l’estimation du domaine de Léoube ; que, par suite, le tribunal se trouve appelé à examiner ces rapports au fond, à apprécier les bases d’estimation adoptées par chacun des experts, et à rechercher si parmi ces rapports il en est qui soient à l’abri de toute critique et lui présentent des garanties suffisantes pour mériter son homologation ;
Attendu que, si les tribunaux ont la faculté d’ordonner une nouvelle expertise pour éclairer les religion lorsque l’estimation des premiers experts leur parait défectueuse, on ne saurait leur refuser la faculté de choisir, parmi les différentes estimations qui leur sont soumises, celle qui leur parait la plus juste et la plus raisonnable, surtout lorsque celle-ci présente des éléments vrais et complet d’appréciation ; que cette manière de procéder a été sanctionnée le 26 avril 1841 (art. 12,757 de ce journal) par la Cour de cassation dans une espèce où, comme dans la cause actuelle, le tribunal civil d’Arras, ayant à statuer sur la demande de l’administration tendant à une nouvelle expertise, a successivement apprécié les bases adoptées par chacun des trois experts et adopté l’estimation de l’un d’eux ;
Attendu que, quels que soient le prix et les accessoires du prix réellement et sincèrement payés, les tribunaux doivent seulement rechercher quelle est la véritable valeur vénale es immeubles soumis à l’expertise ;
Attendu que, dans l’espèce ; l’estimation donnée par l’expert de l’administration est la seule qui soit juste et raisonnable et qui se rapporte véritablement à la valeur vénale du domaine de Léoube ;
Attendu qu’aux termes de l’art. 18 de la loi du 22 frim. an 7, les frais de l’expertise doivent être à la charge de l’acquéreur lorsque l’estimation excède d’un huitième le prix énoncé au contrat ;
Sans s’arrêter aux fins en nullité de l’administration de l’enregistrement et des domaines, homologue le rapport d’estimation du domaine de Léoube fait par Laurent-Augustin Agarrat, ancien notaire de Lagarde ; condamne Joseph-Emile Gérard aux dépens, taxés à la somme de 947 francs 76 c.
En 1847, Émile Gérard achète aux enchères pour 250 000 francs l’étang des Pesquiers sous le nom de « Domaine des pêcheries d’Hyères ayant boudigues, étang, terres, bâtiments, marécages, pacages, pins, jardins »1.
Le 9 mars 1848, Émile Gérard et M. Chapon, négociant à Marseille, fondent la « Société des salins et pêcheries d’Hyères ». Aussitôt, la partie nord de l’étang est transformée en salins et produit dès 1949 une première récolte de 545 tonnes de sel.
Le 15 mars 1851, le capital de la société est réorganisé uniquement entre les membres de la famille Gérard (Gérard, Marcotte, Vincent, Brest, Fabry…).
Développement de la société
Les salins des Pesquiers se développent rapidement, malgré quelques revers comme les intempéries de l’hiver 1853 où la mer envahit les salins et fait fondre la majeure partie des stocks de sel.
La société achète :
le 8 mars 1920, l’Ile des Embiers sur laquelle se trouvait un petit salin ; l’île sera revendue en 1958 à Paul Ricard.
en 1927, le domaine de Saint Hilaire, 1 600 hectares près de Saint Maximin, que la société remet en état,
en 1941, le domaine de la Gordonne.
La « Société des salins et pêcheries d’Hyères » devient l’un des principaux agriculteurs du Var.
Dirigeants successifs
1848-1957 : Émile Gérard (1802-1857),
1857-1907 : Charles Gérard (1829-1907)
1907-1907 : Louis Gérard (1844-1907)
1907-1919 : Pierre Gérard (1882-1964)
1919-1928 : Émile Gérard (1887-1936)
1928-1964 : Pierre Gérard (1882-1964)
1964-1967 : Louis Gérard
Déclin
En 1967, la compagnie des salins du midi acquiert la totalité du capital de la société des salins des Pesquiers.
Après plusieurs années de déclin, les salins des Pesquiers sont fermés en 1995.
Cette brochure comporte des erreurs comme une interversion des légendes des photos. Pour notre famille, en page 6, J.D. Gérard étant décédé le 21 septembre 1930, c’est son fils Émile Gérard qui a acheté Léoube en 1840.
A noter que la valeur de la propriété était diminuée en raison des incendies de 1918 et 1919.
Léoube a été adjugé 1 501 000 francs à Monsieur L. Aubert. Henri Vincent rapporte que d’après M° Palenc, notaire à Hyères, M. Aubert a reconnu avoir eu la propriété à bon compte : il était persuadé qu’il ne l’aurait pas à moins 1 800 000 francs.
La brochure a été réalisée par Pierre et Émile Gérard, Albert Dor et Henri Jombert.
Jean Joseph Louis Chancel nait le 18 décembre 1779 à Briançon1. Il est le deuxième de quatorze enfants. Son père, Jean Louis Chancel est maître chirurgien à Briançon.
Formation
Formé par son père, JJL Chancel est agrégé par les médecins et pharmaciens de Briançon à l’âge de quinze ans :
« Nous, Maire et Adjoints de la commune de Briançon, arrondissement du même nom, département des Hautes-Alpes, certifions et attestons à tous qu’il appartiendra que la citoyen Jean-Joseph-Louis Chancel, fils à Jean-Louis Maître pharmacien, a subi plusieurs examens tant sur la pharmacie que sur la chimie depuis le douze prairial an trois, jusques au premier vendémiaire an quatre, en présence des membres qui composaient pour lors la municipalité, en encore des citoyens François Ferrus et Jean Turin, Docteurs, médecins de l’hôpital militaires de cette place, examinés par les citoyens Jacques Sylvestre, Antoine Faure, Jean Turin et Ferrus, tous pharmaciens de cette commune, lequel ayant été trouvé capable par les susdits médecins et pharmaciens examinateurs l’agrégèrent, et la susdite municipalité l’autorisa de travailler de pharmacien chimiste, lequel a dû depuis remplir les devoirs de son état à la satisfaction du public, en foi de quoi nous lui avons délivré le présent pour lui servir et valoir à ce que de raison, que nous avons signé et fait contresigner par le Secrétaire de la Mairie, qui y a posé le sceau d’ycelle. Fait à Briançon, le deux pluviose an dix de la République Française, Signé Antoine Ovet, Adj, Charbonnel-Salle, Adj, Vu pour la légalisation, Briançon, le 13 ventose an dix de la République Française,
Le sous-Préfet, Signé Chaix. »
Ensuite Jean Joseph Louis Chancel va poursuivre ses études à Paris et obtient six certificats :
Cours de chimie générale professé au Muséum par le célèbre Fourcroy en l’an VI,
Cours de chimie professé à l’école gratuite de pharmacie par Bouillon-Lagrange en l’an VI,
Cours de zoologie des animaux à sang rouge professé par Lacépède en l’an VII,
Cours de chimie et de pharmacie à l’école gratuite de pharmacie par Bouillon-Lagrange en l’an XI,
Cour de botanique au Muséum par le Desfontaines en l’an XI,
Cour de chimie générale au Muséum par Fourcroy en l’an XI.
JJL Chancel suit aussi les cours du célèbre chimiste Thénard :
« Je soussigné, Professeur du collège royal de France, membre de l’Institut, certifie que M. Chancel (Jean-Joseph-Louis) a suivi avec une grande assiduité les cours de chimie que j’ai faits au dit Collège depuis 1804 jusqu’en 1806, c’est à dire pendant trois ans ; que pendant tout cet espace de temps, il a travaillé dans mon laboratoire, et qu’il a acquis des connaissances étendues et assez précises pour pouvoir en faire de justes et utiles applications aux arts. Paris, le 3 mai 1817
Thénard »
Simultanément, il travaille comme élève en pharmacie chez Lebon et Mithouart à partir de germinal an VII (mars-avril 1799), chez Seguin pour sept mois…
Invention des allumettes oxygénées
JJL Chancel assiste à une expérience de Thénard, une répétition des expériences de Fourcroy, Vauquelin et Robert. Thénard verse une goutte d’acide sulfurique sur un mélange de chlorate et de soude, d’où inflammation.
JJL Chancel a alors l’idée de tremper un bout de bois dans un mélange de souffre, chlorate et lycopode, puis de le frotter avec un petit pinceau d’amiante imbibé d’acide sulfurique concentré. Il en parle à Thénard qui l’encourage. JJL Chancel réalise son idée : l’allumette est née2.
Dans son numéro du 12 octobre 1805, le Journal de l’Empire annonce l’invention du briquet oxygéné, ou allumette oxygénée, par JJL Chancel. Il s’agit d’un bout de bois imbibé d’un mélange de souffre et de chlorate de potassium qu’il faut plonger dans une fiole pleine d’acide sulfurique pour que la réaction chimique enflamme l’allumette.
Fin 1805 et début 1806, les briquets oxygénés de JJL Chancel sont en vente au prix de 2 francs, 3 francs et 3 francs 50 centimes chez M. Boisseau, marchand-mercier-parfumeur, 40 rue Neuve des Petits Champs et M. Niodot, marchand-papetier, 25 rue de Thionville3.
Le 20 juin 1806, JJL Chancel vend l’exploitation des briquets oxygénés à M. Primavesi.
« Contrat
Entre sieur Jean Joseph Louis Chancel et le sieur Charles Joseph Primavesi.
1° Le sieur Chancel cède au sieur Primavesi ses Briquets au nombre de quarante, la recette pour les préparer, l’abandon de ses dépôts, ses correspondants, en un mot, son fonds de Briquets, ainsi que le droit de se servir su titre de son successeur, moyennant la somme de cinq cents francs que le sieur Primavesi a payé comptant et que le sieur Chancel reconnait avoir reçue.
2° Le sieur Chancel promet de ne communiquer à personne la manière de préparer ces briquets et lui même de ne plus en fabriquer aucun pour en faire un objet de livre et de commerce, sous peine de tous dommages-intérêts envers le sieur Primavesi.
3° Le sieur Primavesi accepte cette cession et vente de fonds en bonne forme et déclare que les briquets qui se trouvent dans les deux dépôts à Paris font partie de son acquisition à compter de ce jour, réservant au sieur Chancel le droit de se faire payer le montant de la vente antérieure, ainsi qu’au dépôt de Boulogne.
4° Les deux parties contractantes ratifient et signent le présent acte, de bonne foi et l’ont échangé entre eux. Fait double à Paris le vingt juin mil huit cent six.
Charles Joseph Primavesi
J.J.L. Chancel chimiste inventeur des briquets oxygénés
Préparation industrielle du borate de soude
Le borax, ou borate de soude, est utilisé comme antiseptique en pharmacie ; il favorise la fusions des minerais, le vernissage du verre, la fabrication de l’émail, la conservation des aliments, le blanchiment du linge…
En 1814, JJL Chancel va à Livourne au mariage de son cousin germain François Prat, fils d’un autre François Prat originaire de Val des Près et de Marie-Anne Chancel. François Prat épouse Emilie Marguerite Chemin.
A cette occasion, il a connaissance des « Lagoni du Volterrano », lacs toscans qui laissent échapper dans la nature des vapeurs d’acide borique.
JJL Chancel propose de remplacer le borate de soude naturel importé à haut prix des Indes par du borate de soude artificiel obtenu en saturant l’acide borique des lacs de Toscane par la soude des usines française. Il est écrit au ministre de l’intérieur pour demander un droit de douane intéressant.
A son excellence le ministre de l’intérieur
Excellence
Le borax produit naturel qui nous vient de l ‘Inde coute à la France de fortes sommes, il y aurait une grande économie d’introduire dans le commerce l’acide borique, principe constituant de ce sel, que fournissent l’eau de certains lac étrangers à notre sol par leur évaporation […]. Cet acide combiné avec la soude de nos fabriques constituerait le vrai borax du commerce qui pourrait se livrer aux consommateurs à un prix plus modéré que celui qui nous vient de si loin. Mais pour que notre commerce puisse y trouver cet avantage, il est de rigueur que l’administration de la douane soit autorisée d’en favoriser l’importation sous les plus faibles droits possibles. Ce produit naturel qui n’a pas subi plus de préparation que le borax ancien, dont l’entrée est permise, n’est pas tarifé. C’est pourquoi je viens supplier votre excellence d’en faire fixer les droits par assimilation au borax brut, vous offrant si besoin est de présenter à la chambre constitutive un échantillon de cette nouvelle substance naturelle et d’y donner de plus amples renseignements pour prouver tout l’avantage qu’en retirera le commerce français si on a égard à ma demande, ce qu’attendant de votre bonté. J’ai l’honneur
12 avril 1817
Il obtient une dérogation, attend l’accord définitif et apprend d’un de ses frères installé à Marseille que des barriques d’acide borique ont été débarquées à Marseille : Par suite d’une indiscrétion, François Larderel l’a devancé en louant les lacs pour son propre compte. François Larderel fera fortune et sera anobli !
JJL Chancel soupçonnera son protecteur Thénard d’être à l’origine de la fuite.
En 1933, il demande une indemnité pour avoir été le premier à avoir eu l’idée de fabriquer du borax en France. Le ministre de l’intérieur, Adolphe Thiers, refuse cette demande.
A noter que François Prat, via la société où il est associé à sa belle-mère « Vedova Chemin e Prat », sera en 1818 locataire des lacs et un temps associé à François Larderel4.
Activités professionnelles
En complément de son activité de pharmacien à Briançon, JJL Chancel devint un chimiste distingué et publia des articles remarqués dans le monde scientifique, en particulier sur les eaux de Font-Chaude et de la Rotonde au Monétier5, sur un empoisonnement des bestiaux par le pain d’amandes du prunier des Alpes et sur son contre-poison6, sur l’huile amygdaline du prunier des Alpes7…
Famille
Le 26 septembre 1808, il épouse à Gènes Marie Catherine Brian, dite Marina Brian. La famille Brian est originaire de Val des Pré et installée à Gènes8. A noter que sa mère, Elisabeth Clavier, originaire de Val des Près, refuse de donner son consentement à ce mariage9.
Ils ont douze enfants :
Marie Clara Léoladie Chancel (1810-1824),
Clodomire Chancel (1811-1871),
Paul Chancel (1817-1881),
Lucien Edouard Chancel (1819-1822),
Evariste Alphonse Honoré Chancel (1820-1882),
Félicie Ernestine Chancel (1821-1879),
Théophile Augustin Chancel (1822-1824),
Aline Agathe Chancel (1824-1824),
Marius Chancel (1827-1880),
Germaine Chancel (1831-1831),
Léontine Chancel (1831-1832),
Nathalie Chancel (1834-1887).
Jean-Joseph-Louis Chancel meurt à son domicile, probablement de la grippe, le 18 février 183710.
Notes et références
Bibliographie
Jean Joseph Louis Chancel, l’Inventeur, Jacques Ameil, inédit, Mars 1990
Eugène Sébastien Pomponne Fortuné GERARD de LUBAC nait le 20 janvier 1805 à Entrecasteaux.
Il entre à Saint-Cyr le 25 novembre 1824 et, après avoir redoublé la première année, en sort le 2 octobre 1827. Il est alors nommé sous-lieutenant au 4ème Régiment d’Infanterie de Ligne au Havre. Il se trouve en garnison ensuite à Caen, Pont-Saint-Esprit, Montpellier, Perpignan, Aix et à Blois au 38ème Régiment d’ Infanterie de Ligne, il est alors lieutenant. Il démissionne en 1834, « Des affaires de famille nécessitant dorénavant ma présence chez moi ».
Il est maire de Viens de 1846 à 1857, pendant que son frère aîné est maire d’Entrecasteaux.
Le 25 avril 1853, il épouse à Logues Louise d’Agnel de Bourbon d’Acigné. Il a 48 ans et Louise 20 ans. Ils ont quatre enfants :
Fernand né le 17 avril 1854 à Apt,
Gabrielle née le 15 mai 1856 à Apt,
Pauline née le 22 août 1859,
Pulchèrie née le 2 novembre 1864 à Marseille.
Il meurt à 73 ans, le 9 janvier 1879 à Entrecasteaux.
La famille de LUBAC possède d’importantes propriétés à Viens, au quartier Saint-Paul, vendues à une date non connue, et à Entrecasteaux.
En écrivant ici mes dernières volontés je recommande à mes enfants de vivre toujours en bonne intelligence et de toujours penser que mon dernier chagrin en mourant serait qu’il y eut du désaccord entre eux.
Je prie Dieu de m’éclairer dans mes dernières dispositions et je prie mes enfants de croire que les aimants tous les trois d’une égale et immense affection elles n’ont d’autre but que de réparer autant que possible l’inégalité qui s’est produite dans le partage entre mes enfants de la fortune de leur mère1 et de couvrir une partie des pertes qu’a faites Henri dans sa malheureuse affaire2.
Je recommande particulièrement Henri d’user de toute son influence pour soutenir l’union dans la famille.
Faites-moi des funérailles simples, ni fleurs ni couronnes. Si vous désirez un piqué de soldats devant la porte, mon brevet de la Légion d’honneur est dans le grand tiroir de droite de mon bureau, ainsi que le titre de concession du tombeau, si vous voulez le poêle3 du Tribunal de commerce, il faudra aviser le tribunal de ma mort.
Je laisse avant tout partage une somme de soixante mille francs à Henri et également une somme de 60 soixante mille francs à Amélie.
Je laisse également à Henri le mobilier du rez-de-chaussée de la maison. Le restant du mobilier sera partagé entre mes filles. Le linge et l’argenterie seront partagés entre mes trois enfants.
Je lègue à Jeanne Jauget une somme de cinq cents francs en reconnaissance de ses longs services et du dévouement qu’elle m’a toujours témoigné.
Je prie mes enfants de distribuer aux domestiques qui seront dans la maison au moment de ma mort une gratification qui pourra aller de cent à cinq cents francs d’après leur ancienneté dans la maison et le dévouement qu’elles m’auront témoigné.
Je recommande encore une fois à Marguerite de ne voir dans ces dispositions qu’un désir de justice et la réparation d’un malheur.
Je recommande d’attendre au moins six mois après la fin de la guerre pour procéder au partage car il y aura forcément une période d’inégalité dans le classement des valeurs qui composent mon portefeuille.
Fait à Marseille sain de corps et d’esprit le 20 novembre 1916.
Sur le conseil de son père, Henri avait investi un capital important dans la savonnerie de son beau-frère Eugène Rouard, savonnerie fondée par son beau-père Louis Xavier Rouard. Henri Caire a perdu la totalité de cet investissement. ↩
Notre mariage est à la fin terminé et précisément comme nous l’avions projeté nous eûmes le plaisir de recevoir les dames Abeille le dimanche. Elles vinrent à temps pour le dîner de 6 à 9 heures que Mme Pascalis leur avait préparé et dans la soirée l’on fit une loterie de jolis petits objets qui peuvent rappeler la circonstance et qui égaya beaucoup la société.
Le lundi la signature du contrat amena bien des pleurs et les vers que je te joins ne purent être chantés parce qu’ils attendrissaient trop les personnes qui voulaient l’entreprendre. Tu verras qu’à la requête des dames Abeille, M. Pascalis ne t’a pas oubliée au second couplet et tout le couplet a été fait à ton intention. Dis-moi comment on les trouve à Toulon ?
Après le dîner de noces qui était fort bon et qui se passa très gaiement, nous fûmes à la Commune y passer le contrat civil et puis un bal bien animé employa à notre soirée : Je retrouvais des forces pour danser et il y avait nombre d’années que je n’en avais fait autant. Une très jolie collation et un thé, punch etc termina la séance. Nous partîmes enfin pour l’église à 2 heures du matin et après une cérémonie bien touchante et solennelle nous vînmes enfin nous coucher à 4 heures du matin. Si je me félicitais de mon mariage avant, il est inutile de te dire que je m’en félicite encore plus après et que je ne doute plus de l’harmonie et de la douce union qui va m’unir à Cécile.
Mme Perrin était toute orgueilleuse au bal de Cécile et elle me faisait remarquer que sur 30 dames, dont beaucoup de jolies, ma femme brillait le plus. Toutes les dames Abeille m’ont apporté tes compliments et nous avons beaucoup regretté la famille Pascalis et moi que tu n’ayes combiné ton voyage à Marseille quelques jours plus tard, pour venir passer le dimanche et lundi avec nous ici.
Je ne puis terminer cette lettre sans t’exprimer combien je suis reconnaissant envers toute la famille Pascalis, pour l’accueil amical qu’on me fait ici. Nous sommes tous liés de la plus tendre amitié et je suis déjà regardé comme un des anciens de la famille. Je ne doute pas que tous ces détails ne plaisent à ton bon mari et dis-lui mille choses de ma part et de la part de Cécile. Je lui cède la plume pour qu’elle commence à faire ta connaissance par correspondance en attendant le plaisir de la faire personnellement.
Je vous embrasse tous deux de bien bon cœur.
Louis Laurent Caire
Je ne veux pas laisser partir la lettre de mon mari sans vous témoigner tout le plaisir que m’a fait éprouver votre lettre que Caire m’a communiquée. Je suis heureuse d’entrer dans une famille où l’on me reçoit avec tant d’indulgence. Veuillez bien ne pas croire à la lettre tout ce qu’on vous a dit de flatteur pour moi. Je serais si fâchée de vous voir désappointée mais je ferai mon étude de vous être agréable.
Je vous remercie beaucoup d’avoir pensé à moi en me faisant cadeau d’une belle pendule. Ce souvenir me sera bien précieux surtout lorsque j’aurais l’avantage de vous connaître. Ce désir est encore augmenté par le portrait que les dames Abeille m’ont fait de votre excessive bonté. Je tacherai de m’en rendre digne et de mériter votre affection.
ÉTUDE
de
M Charles Sénés
Avocat et avoué
Place St Pierre N°4
Toulon le 8 février 1845
Madame,
Je hâte ma réponse à votre missive du 6 de ce mois, à laquelle étaient jointes des lettres relatives aux biens que vous possédez à Livourne, conjointement avec Mme veuve Mille, votre belle-sœur.
Cette dame à qui j’ai fait part de ces lettres m’a chargé de vous annoncer qu’elle approuve la continuation des locations des immeubles de Livourne dont les loyers indiqués paraissent avantageux.
Elle est charmée que M. Martellini ait envoyé des fonds provenant des loyers échus et qu’il se dispose à adresser bientôt le compte total de sa gestion.
Quant à la vente de ces mêmes biens, elle pense qu’il faudrait tacher d’en retirer au moins une valeur foncière proportionnée au produit du loyer.
Cela est d’autant plus convenable qu’une vente aux enchères publiques n’est souvent qu’une loterie, et qu’elle occasionne toujours des frais de justice assez considérables dont il faut être sûr de se récupérer d’avance.
Toutefois si cette vente judiciaire a lieu j’estime que les hypothèques éventuelles qui peuvent gréver ces immeubles seront devenues caduques par l’effet du temps ou qu’il sera facile de les faire disparaître à peu de frais.
Au reste, Mme votre belle-sœur s’en réfère toujours à vos meilleurs soins et elle approuve d’avance tout ce que vous aurez prescrit pour tirer le meilleur parti de ces biens et affaires.
Je me félicite, Madame, d’avoir l’occasion de vous faire agréer la nouvelle expression des sentiments de respect et de haute considération avec lesquels, j’ai l’honneur d’être votre très humble et très obéissant serviteur,
L’usufruit laissé par Mr Joseph Caire ayant cessé depuis le 5 février 1824, époque du décès de son épouse, messieurs Aguillon frères et les hoiries de M. Laurent Caire sont appelés à recueillir, en leur qualité d’héritiers fonciers, la succession de M. Joseph Caire leur oncle. Cette succession se compose, d’après les pièces qui m’ont été remises, des créances ci-après détaillées.
1°
créances en principal, par M. Joseph Guidon : 9 480
Portion dont les hoiries Caire ont été déclarées perdant par le jugement d’ordre : 790.25
Frais judiciaires payés à M. Lavoué Toucas à la charge de l’hoirie : 80
609.75
2°
créance due par M. Albert avocat représenté par M. Castelli dit Cafsian du 5 décembre 1732 notaire M. Minier à Toulon de 4000 réduites à
3 950.62
3°
portion de la créance des hoiries Doumet établie par acte du 22 août 1775 notaire Mège à Toulon
1 080
Sommes recouvrées par M. Alexandre Aguillon
13 640.37
4°
solde de la créance des hoiries Doumet établie par l’acte précité notaire Mège
1 120
5°
créance à constitution de rente au 5 p% due par les hoiries Lambert en son vivant greffier du tribunal de commerce de Toulon suivant l’acte du 9 janvier 1792 notaire Philibert à Toulon de la somme principale de 4000 assignation réduite à
2 880
6°
créance à constitution de rente au 4 p% due par M. Joseph Barnabé Tournier ancien négociant à Toulon suivant l’acte du 21 février 1792 notaire Lesperon de la somme principale de 4000 également en assignation réduite à
2 880
7°
créance privée souscrite par M. Aguillon père du 1er septembre 1776 en faveur de M. Joseph Caire son beau-frère, à constitution de rente au 5 p% contenant l’obligation de M. Joseph Aguillon fils d’acquitter cette créance qui est avérée devant notaire et inscrite aux hypothèques et qui s’élève à la somme de
22 000
Total
42,280F.37C
M. Alexandre Aguillon a à tenir compte aux héritiers l’hoirie de M. Joseph Caire son oncle, des 13,640F et 37C recouvrés par lui de Messieurs Guison, Albert et hoirie Doumet.
Quant aux 28 640F provenant de divers titres de créances à constitution de rente, il n’y a absolument aucune formalité à remplir dans ce moment ; mais il est indispensable que Mademoiselle Eugénie Caire, ainsi que ses frères et sœurs envoyent chacun leur procuration, à l’effet de retirer les sommes dues tant en principal qu’en intérêts provenant de l’hoirie de feu Joseph Caire, d’exercer à défaut de paiement toutes formalités judiciaires, telles que de faire citer en conciliation devant tout juge de paix devant tous tribunaux compétents, plaider, défendre, opposer, obtenir tous jugements, les mettre à exécution, appeler, acquiescer à tout arrangement, transiger, intervenir dans toutes procédures qui seraient dirigées contre les débiteurs de ladite hoirie par voie d’opposition, ou autrement, du reçu de toute forme donner quittances et décharges valables, faire exproprier tout débiteur de ladite hoirie, consentir la radiation de toutes inscriptions hypothécaires, substituer en tout ou partie du procureur, les renvoyer en substitution d’autres etc etc
Par son testament mystique du 23 mai 1819 déposé le 19 janvier 1824 en l’étude de M. Sylvestre notaire à Toulon, Madame Claire Aguillon veuve de M. Joseph Caire a fait, entre autres dispositions, celles qui suivent.
« Je lègue et laisse à mes deux neveux Pierre et Alexandre Aguillon fils de François, la maison que je possède à Toulon rue Bourbon 105 N° 24 (nouvelle série) que j’ai entièrement fait reconstruire, il y a environ 11 ans, pour commencer d’en jouir d’abord après mon décès et en faire et disposer à leur plaisir et volonté, à la charge 1° de payer une pension viagère de 200F en faveur de M. Étienne Aguillon mon frère (Il est prédécédé). 2° de compter, après le décès de mon dit frère Étienne Aguillon cinq cents Francs à chacun des quatre enfants de feu M. Laurent Caire mon beau-frère ; ce qui fait deux mille francs pour les quatre, ou aux sœurs en cas de prédécès moyennant quoi les enfants Caire renonceront à toute prétention quelconque qu’ils pourraient avoir sur ladite maison avant que je la fisse rebâtir.
Je lègue de plus à Louis Laurent Caire négociant à Livourne, l’un des dits enfants Caire, une montre en or et une croix à diamants dite Grand Esprit qui lui seront remises par mon héritier après mon décès.
Dès que la délivrance de la maison aura été faite par le tuteur de l’héritière qu’est la fille de M. Pierre Aguillon fils de Joseph MM. les frères Aguillon compteront 500F à chacun des enfants Caire. »