Le général Antoine Pascalis – Louise Colet, août 1849

Général Pascalis de la Sestrière (1755-1833) en 1804
Collection Madeleine Valéry

« Le général Antoine Pascalis était garde du corps quand la Révolution éclata.

Après le 10 août, il ne songea pas à émigrer… Car ce fut au sein de nos armées qu’il chercha un refuge contre la terreur.

Il devint chef de bataillon dans l’armée des Alpes, sous le commandement de Kellermann.

Bientôt après, nous le trouvons adjudant général dans l’armée d’Italie. Là, il se fit remarquer par son éloquence militaire et son aptitude administrative. Nommé sous-chef d’état-major, ce se fut lui qui rédigea la plupart de ces proclamations qui enflammaient nos soldats et que la France admirait dans les bulletins de nos victoires1

Il se distingua dans les deux campagnes d’Italie, durant lesquels plusieurs places importantes lui furent confiées il est ensuite divers commandant dans le midi de la France, où sa double carrière militaire et littéraire a laissé des souvenirs encore vivants.

Le général Pascalis était poète et, lorsque l’heure du repos sonné pour lui, après la chute de l’Empire, il écrivit les poèmes de Fontainebleau et du Mont Viso, deux œuvres remarquables dont quelques fragments ont été publiés. Il traduisit ensuite, en vert, les plus beaux passages de la Pharsale de Luncain et le poème des Tombeaux d’Hugo-Foscolo. Il acheva également, à cette époque, sa tragédie de Dion de Syracuse, qui fut lue et remarquée par Talma. Le grand tragédien aurait représenté, sur la scène du Théâtre Français, le héros de Syracuse, sans le danger politique que parut avoir cette pièce, sous la Restauration. Talma était frappé des verts suivants, qui l’aimait à répéter :

Je vois dans ce jeune homme un destin dont je tremble ;
La république et lui ne peuvent vivre ensemble.

Hardy, sensible et fier, pourra-t-il dédaigner
Cette faveur du peuple et l’orgueil de régner ?

Après cet ascendant qu’il nous a révélé,
Il faut qu’il soit le maître, ou qu’ils soient exilés.

Ne trouve-t-on pas dans les vers du poète guerrier ce fameux jeune homme (Bonaparte) qui fut le maître au lieu d’être exilé !

En France, le général Pascal et s’était lié avec Delille, Marie-Josèphe Chénier et Bernardin de Saint-Pierre ; ses relations durèrent jusqu’au jour où elles furent dénouées par la mort…

Il me semble voir encore, à Aix, où il s’était retiré, ce grand et beau vieillard au visage mâle et ombragé de ces blancs cheveux, debout dans son cabinet de travail, entouré de livres rares, de quelques tableaux de maîtres, récitant à sa famille quelques-uns de ses grands vers à la manière de Corneille. »

Louise Colet, août 1849, citée dans Allos depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Abbé Pellissier (Jean-Esprit)

  1. L’auteur auquel j’emprunte ces notes biographiques ajoute : « Nous avons sous les yeux de ces morceaux d’éloquence militaire écrits de la main du général Pascalis, auxquels la main de Napoléon n’a changé, ça et là, que quelques mots. »

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