Edgar de Raphélis-Soissan est surtout connu comme zouave pontifical.
Enfance
Edgar de Raphélis-Soissan nait le 24 août 1842 à Cavaillon.
Son père, Charles de Raphélis-Soissan, meurt en 1851 et a un fils posthume, Louis, qu’Edgar entoure des soins les plus affectueux.
Zouave pontifical
Avant l’unification de l’Italie (1848-1870) existait un état pontifical qui s’étendait de la Méditerranée, avec Rome, à l’Adriatique et coupait la péninsule en deux.
Garibaldi bat, en 1860 à Castelfidardo, l’armée du Pape qui doit se replier sur la province entourant Rome. Celle défaite a un grand retentissement dans les milieux catholiques ultramontains, particulièrement en France et en Belgique. Un corps de volontaires est alors constitué pour défendre le pouvoir temporel du Pape, que l’on estime indispensable à son indépendance.
Dans le livre Les Soldats du Pape (Amyot Paris 1868) Oscar Poli raconte les marches et les contremarches que font alors les zouaves, sans rencontrer beaucoup de résistance de la part des Garibaldiens. Au gré des fluctuations du front, les villageois pavoisent aux couleurs du Piémont ou du Pape, avec parfois des méprises sur le parti auquel appartient le corps de troupe arrivant. Une fois les volontaires du Pape aiguisent ostensiblement leur baïonnette sur la place du village pour impressionner la population.
Trois frères, Edgar, Casimir et Maurice de Raphélis-Soissan s’engagent tour à tour dans les zouaves pontificaux. Edgar rejoint Rome le 4 février 1861.
Edgar est réputé parmi ses camarades pour sa gaieté et son humour. Le 10 avril 1861, il écrit de Rome la lettre suivante à son cousin Maurice :
Ah! ah! cher Maurice, je te vois déjà ouvrir de grands yeux en voyant ma lettre. Tu te passes déjà la langue sur les lèvres… Je t’avertis que ça sent la puce d’une lieu, à preuve que j’en ai une qui me pique le mollet. Ces vilaines bêtes sont comme les piémontais, elles se fourrent partout. … Et nous ne sommes encore qu’au printemps, ce n’est que l’avant-garde. Il paraît que l’été, nous aurons une véritable armée d’occupation.
Et maintenant, veux-tu que je te donne un spécimen de la vie d’un zouzou ? D’abord il ne faut pas être délicat. As-tu jamais couché par terre avec une simple couverture en guise de paillasse, de matelas et de draps? Quand on est de garde au milieu de la nuit il faut se tenir deux heures dans une guérite sous une pluie battante qui vient vous fouetter la figure. … et crier à tous les passants « qui vive ». S’ils ne répondaient pas, il faudrait le plus gentiment du monde leur passer la baïonnette au travers de l’abdomen. Ça ne m’est pas encore arrivé car ils ont grand soin de crier « amici » et de vite f… le camp. Puis vous allez mollement vous étendre sur une bonne planche avec votre sac dur pour oreiller. A peine avez-vous tapé de l’œil, comme on dit, que vous entendez le caporal de garde crier : numéro 7, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8 debout pour la patrouille. La pluie tombe toujours, ce n’est pas gai, on met le capuchon sur la tête, le fusil sur l’épaule et en avant marche !
On va, par ce beau temps, faire un petit tour de promenade sentimentale à travers les rues de la ville, pendant une petite heure. On revient mouillé comme des tritons sortant du sein d’Amphitrite et on se dépêche de s’endormir en attendant la nouvelle garde. … Et quand on nous commande de corvée pour peler les pommes de terre ou éplucher les lentilles, une chose est bien certaine, si c’est moi qui les ai triées, je me garde bien d’en manger, car je serais certain de me casser au moins 5 ou 6 dents.
Avec ça, on fait l’exercice, on cire ses bottes, on blanchit ses guêtres, … on astique son sabre et son fusil. … Et on a tantôt les mains noires tantôt blanches tantôt jaunes. … Les puces toujours nous tourmentent, peut-être en serons-nous bientôt délivrés, les punaises, dit-on, les mangeront.
Adieu, mon cher cousin, un bon baiser à la zouzou et tout à toi.
Il demeure deux ans zouave pontifical, est nommé caporal au mois de novembre 1862 et quelques mois plus tard regagne Avignon où la santé de sa mère donne des signes d’inquiétude.
Mariage et décès
Edgar épouse le 27 octobre 1864 Louise d’Olivier de Pezet, que ses neveux surnommeront « la tante d’Unang » du nom de son château à Malemort du Comtat.
Sa mère meurt le 8 décembre 1864 et à 22 ans il devient chef de famille, en charge de ses trois jeunes frères. « Il faut que j’ai soin de mes frères. Il faut que je sois pour eux, bien jeunes encore, père et mère à la fois. »
Charles, son plus jeune frère étant gravement malade, Edgar passe des jours et des nuits à le soigner et contracte ainsi la tuberculose1 qui devait l’épuiser et l’emporter.
Il meurt le 10 décembre 1865 à Avignon. Il a une fille posthume, surnommée Edgarde, née le 20 mars 1866.
Notes et références
Notes
- Charles de Raphélis-Soissan, Histoire et généalogie de la famille de Raphélis-Soissan et des familles alliées, inédit.
- Oscar de Poli, Les soldats du pape (1860 – 1867), édition Amyot, quatrième édition, pages 257 à 267.
Références
- Marie-Thérèse Jouveau, Joseph d’Arbaud, page 235 ↩
Rétroliens : Louise d'Olivier de Pezet (1844-1920) - Famille Raphélis-Soissan