Charles Marcotte de Quivières nait le 28 février 1808 à Nantes. Il est le troisième enfant de Philippe Marcotte de Quivières et de Nathalie Bochet.
Le 10 septembre 1838, il épouse à Boulogne-sur-Mer Caroline Louise Augustine Adam.
Ils ont trois enfants :
Marie-Georges, née le 19 août 1839 à Boulogne-sur-Mer,
Georges Marie Albert, né le 16 septembre 1841 à Boulogne-sur-Mer,
Lucy Marie Thérèse, née le 26 juin 1843 à Boulogne-sur-Mer.
Charles Marcotte de Quivières meurt le 23 septembre 1875 à Condette.
Carrière aux Monnaies et Médailles
Charles Marcotte de Quivières est nommé à vingt ans, surnuméraire des douanes. En 1832, il est inspecteur des Finances adjoint puis au 1er septembre 1846 inspecteur de 1ère classe.
Le 28 avril, il est appelé à la tête de la Monnaie en qualité de commissaire général. Écarté par la Commune, il trouve refuge à Bordeaux, tandis que le militant socialiste Zéphirin Camélinat (1840-1932), l’un des fondateurs de l’internationale, assure la direction de la Monnaie. Avec le Gouvernement Thiers, Marcotte poursuit sa carrière et est nommé le 25 janvier 1871 premier directeur « administratif » des Monnaies et Médailles (nom de la Monnaie de Paris à l’époque) et achève sa carrière administrative à la Monnaie de Paris le 23 avril 1875.
La première pierre du bâtiment actuel quai de Conti est posée le 30 avril 1771 et la Monnaie de Paris est officiellement installée quai de Conti le 20 décembre 1775.
Il fait partie des personnalités éminentes au 19ème siècle logées à la Monnaie le temps de ses fonctions.
L’auteur
Haut fonctionnaire et homme de lettres, il effectue en 1844 et 1845 une mission d’information en Algérie sur laquelle il laisse un livre de souvenirs, Deux ans en Afrique1.
Notes et références
Sources
L’institut et la Monnaie : Deux palais sur un quai, Imprimerie Alençonnaise, 1990, pages 237 et 238
[…] J’habitais aux environ d’Hyères un vieux château, du nom de Léoubes, élevé, dit-on, par la reine Jeanne ; délicieuse retraite, complétement isolé, où, seul étranger, un brave curé des environs qui venait dire la messe le jeudi et le dimanche dans la chapelle, prenait place à notre table patriarcale.
Cette chapelle m’a rappelé un de mes vieux péchés qu’il faut que je confesse ici.
Pendant un séjour que j’ai fait1 à Toulon en 1842, la belle-mère2 de ma sœur me pria de composer pour la chapelle de Léoubes, qu’on restaurait alors, un grand tableau pour l’autel du fond.
Elle me désigna le sujet. Elle voulait un Saint Joseph, la Vierge et l’enfant Jésus, et une foule de têtes d’anges, à la manière de Murillo. – Rien que cela.
Ces conditions posées, je fis les miennes ; et d’abord je m’opposais aux petites têtes d’anges qui me gênaient beaucoup.
Elle insista : elle tenait aux anges.
Vous arrangerez cela, me dit-elle, de manière qu’on ne les voie pas ; vous les dissimulerez.
J’acceptai la commande qui devait me rapporter une messe en musique, les bénédictions d’un grand nombre de dévotes invitées à l’inauguration, et une foule d’indulgences plénières.
Je me mis à l’œuvre. Je m’étais réservé le droit de choisir mes modèles. Une nièce de ma sœur [Zélia Vincent], avec des traits un peu accentués à la manière méridionale, avait une de ces physionomies pures et calmes qui devait inspirer mon pinceau : elle consentit à poser pour la Vierge.
Ma sœur venait de me donner un neveu, un gros garçon rose et frais, qui semblait être venu au monde tout exprès pour figurer dans mon tableau. J’avais donc mon enfant Jésus.
Mais où trouver Saint Joseph ? Je tenais à faire une œuvre consciencieuse. Je voulais que ma composition eût un cachet de vérité conforme à l’idée que certaines personnes ont conçue d’une famille composée d’une vierge, mère d’un enfant qui n’est pas le fils de son père, et d’une père qui n’est pas le mari de sa femme ; le tout cependant formant une seule et même famille.
Pendant que j’étais à délibérer, en passant la main gauche dans ma barbe, je jetai négligemment les yeux sur une glace posée en face de moi et j’aperçu… saint Joseph qui avait l’air de réfléchir profondément sur les difficultés de la situation. Je pris vivement mon crayon, et je croquai, sans désemparer, mon sont Joseph qui réunit parfaitement toutes les conditions voulues pour personnage de mon tableau. J’avais un père, une vierge et un enfant de la même famille.
Quant aux têtes d’anges, après en avoir dessiné, effacé, fait et refait deux ou trois autour de mon groupe, je pris le parti de les dissimuler par un palmier qui les couvrit entièrement de ses branches.
Le fond du paysage était un site de Léoubes, de sorte que la sainte Famille avait un air tout à fait local.
Le tableau terminé, les connaisseurs de Toulon et des environs vinrent le visiter dans mon atelier. Chacun s’extasia sur la ressemblance de la sainte Famille.
Vint le tour le grand’maman. A peine eut-elle jeté les yeux sur la toile, qu’elle entra dans une dévote fureur.
Qu’est-ce que vous m’avez fait là ? s’écria-t-elle. – Le portrait de Z… ! Je ne veux pas de cela. – J’aime beaucoup ma petite fille, mais je consentirai jamais à me mettre à genoux devant elle. Ca ne serait pas convenable ; changez cette tête.
J’eus beau insister, lui développer mon système de sainte famille, lui rappeler mes conditions, elle ne voulut rien entendre.
Non, disait-elle, on n’a jamais vu une grand’mère se mettre à genoux devant sa petite fille.
Il fallut céder, et je lui promis un changement à ma vierge.
Et mes anges, reprit-elle, où sont-ils ? Je ne les voie pas.
Mais c’était chose convenue, lui dis-je ; vous m’avez recommandé d’arranger les têtes de manière qu’on ne les vît pas. Eh bien, vous ne les voyez pas ; les têtes sont dissimulées derrière ce palmier qui les abrite de son feuillage.
J’eus de la peine à la convaincre, mais je lui avais fait la concession de ma Vierge, il fallait bien qu’elle m’accorda celle de ses têtes de chérubins.
En résumé, mon tableau encadré magnifiquement fut apporté avec pompe à Léoubes, et une grand’messe en musique, accompagnée d’une distribution de médailles, consacra l’œuvre sainte du grand maître. Malgré cette sorte de canonisation, je ne puis regarder sans rire mon portrait habillé en saint Joseph, et j’avoue que j’éprouve aujourd’hui, au sujet de moi, les mêmes scrupules que la grand’maman vis-à-vis sa petite fille. Je ne puis me décider à m’agenouiller sérieusement devant moi-même.
L’auteur de cet article, Charles Marcotte de Quivières est le frère de notre ancêtre Félicité Marcotte de Quivières, épouse d’Émile Gérard. Suite à la publication de cet article, un internaute m’a communiqué un copie du manuscrit de ce texte. Le manuscrit est plus complet et plus intéressant à lire. ↩