En écrivant ici mes dernières volontés je recommande à mes enfants de vivre toujours en bonne intelligence et de toujours penser que mon dernier chagrin en mourant serait qu’il y eut du désaccord entre eux.
Je prie Dieu de m’éclairer dans mes dernières dispositions et je prie mes enfants de croire que les aimants tous les trois d’une égale et immense affection elles n’ont d’autre but que de réparer autant que possible l’inégalité qui s’est produite dans le partage entre mes enfants de la fortune de leur mère1 et de couvrir une partie des pertes qu’a faites Henri dans sa malheureuse affaire2.
Je recommande particulièrement Henri d’user de toute son influence pour soutenir l’union dans la famille.
Faites-moi des funérailles simples, ni fleurs ni couronnes. Si vous désirez un piqué de soldats devant la porte, mon brevet de la Légion d’honneur est dans le grand tiroir de droite de mon bureau, ainsi que le titre de concession du tombeau, si vous voulez le poêle3 du Tribunal de commerce, il faudra aviser le tribunal de ma mort.
Je laisse avant tout partage une somme de soixante mille francs à Henri et également une somme de 60 soixante mille francs à Amélie.
Je laisse également à Henri le mobilier du rez-de-chaussée de la maison. Le restant du mobilier sera partagé entre mes filles. Le linge et l’argenterie seront partagés entre mes trois enfants.
Je lègue à Jeanne Jauget une somme de cinq cents francs en reconnaissance de ses longs services et du dévouement qu’elle m’a toujours témoigné.
Je prie mes enfants de distribuer aux domestiques qui seront dans la maison au moment de ma mort une gratification qui pourra aller de cent à cinq cents francs d’après leur ancienneté dans la maison et le dévouement qu’elles m’auront témoigné.
Je recommande encore une fois à Marguerite de ne voir dans ces dispositions qu’un désir de justice et la réparation d’un malheur.
Je recommande d’attendre au moins six mois après la fin de la guerre pour procéder au partage car il y aura forcément une période d’inégalité dans le classement des valeurs qui composent mon portefeuille.
Fait à Marseille sain de corps et d’esprit le 20 novembre 1916.
Signé : A. Caire.